Stigmomètre

Le stigmomètre est un système de contrôle de mise au point adapté aux appareils photographiques reflex.

Appellation

Le mot stigmomètre, créé à partir de la racine grecque stigma («point») de stigmatisme, ne s'est vu consacré en français que depuis les années 1970. On trouve aussi les expressions suivantes : verre télémétrique ou télémètre à coïncidence de lignes, à champ coupé ou encore, pour le type le plus commun, télémètre à prismes croisés de Dodin, du nom de son inventeur^[1]. Il se traduit en anglais par split screen ou split-image rangefinder.

Principe

On trouve des stigmomètres sur la majorité des appareils reflex à mise au point manuelle. Ils se présentent, dans leur version la plus courante^[2], sous l'aspect d'un disque clair (non dépoli) coupé en deux au milieu du champ de visée. Ces deux «demi-lunes» accolées consistent en un assemblage cylindrique de deux petits prismes droits d'axe commun parallèle au plan image, symétriques l'un de l'autre comparé à l'axe du cylindre et accouplés par leurs bases triangulaires (ou trapézoïdales) inversées. La totalité est enfoncé au milieu du verre de visée (en général dépoli) de telle sorte que l'axe du cylindre coïncide avec l'axe optique et les faces inclinées se croisent sur le plan image (la face dépolie) ^[3].

Les deux prismes recueillent des rayons provenant de deux bords opposés de l'objectif. Ils sont situés de manière à dévier ces rayons vers l'œil à travers le dispositif oculaire. L'observateur voit simultanément trois images superposées : une image principale, constituée sur le dépoli^[4], et deux petites images au centre, constituées dans deux plans images symétriquement inclinés. Dans ces conditions, deux rayons convergeant (réellement ou virtuellement) en un point du plan où doit se faire la mise au point se croisent après traversée de l'un des prismes en un point localisé précisément derrière ou devant ce dernier (les points images se confondant au centre) alors que deux rayons dont le point de convergence n'est pas précisément dans ce plan paraîtront provenir de points images symétriquement décalés par les prismes, le décalage s'inversant selon que le point de convergence est avant ou après le plan moyen. La mise au point s'obtient en tournant la bague des distances de l'objectif jusqu'à ce que les deux portions d'image de l'objet visé se rejoignent de part et d'autre de la ligne de séparation.

Autres formules

Le premier reflex pourvu d'un télémètre à prismes croisés est probablement l'Alsaflex, que les publicités de 1950 annoncent comme pourvu d'un «télémètre couplé optiquement, indépendant de la longueur focale des objectifs»^[5]. Un système équivalent mais légèrement différent l'a semble-t-il précédé de quelques années sur le Rectaflex de Telemaco Corsi^[6]. Nommé alors explicitement «stigmomètre-télémètre» en français ("Duo-Focus" optics en anglais), il est décrit en 1950 comme constitué d'une lentille plan-cylindrique positionnée au centre du dépoli et ayant pour effet de pivoter l'image centrale lorsque la mise au point n'est pas correcte. D'autres formules ont été proposées, dont plusieurs variantes imaginées par Lucien Dodin qui n'ont certainement pas toutes été exploitées, et le dispositif du Focaflex (1958), constitué d'un petit miroir concave décentré au milieu d'un miroir concave principal (en fait, une lentille plan-convexe métallisée sur la face convexe).

Utilisation

Le stigmomètre permet une mise au point particulièrement précise sur des sujets présentant des structures plus ou moins linéaires (droites, courbes à grand rayon... ). Il a l'avantage sur le télémètre à coïncidence d'images de fonctionner quel que soit l'objectif monté, à condition cependant que l'ouverture soit assez grande pour transmettre des rayons suffisamment inclinés vers les prismes. Un autre intérêt du dispositif est qu'il ne nécessite pas d'étalonnage.

La ligne de séparation des stigmomètres est habituellement horizontale. C'est l'orientation parfaite pour une mise au point sur des détails linéaires proches de la verticale, les plus habituels, cadrés horizontalement, situation aussi la plus fréquente. L'orientation à 45°, introduite dès les années 1950, s'est généralisée sur les modèles les plus récents. Elle permet une précision satisfaisante sur tout objet pertinent, qu'il soit cadré verticalement, horizontalement ou de biais.

Notes et références

Voir aussi

• Mise au point
• Dépoli
• Mise au point télémétrique

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